Le RGPD va-t-il fissurer les GAFA(M)

De façon très intéressante, le nouveau règlement RGPD génère des réponses très différentes de la part des 5 grandes compagnies américaines de la High Tech qui composent l’acronyme ‘GAFAM’.

Diverses communautés comme par exemple l’industrie de l’impression et du document pourraient s’inspirer des experts marketing de la High Tech américaine.

En Europe nous recevons beaucoup de messages négatifs sur les GAFAM (Surnom d’une combinaison de richissimes entreprises américaines de la High Tech soit Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Ces inquiétudes proviennent de groupes de pression dits citoyens contre la puissance de ces quasi-monopoles et des Etats membres qui les voient comme de dangereux contre pouvoirs. Les citoyens eux mêmes ont une vue moins polémique du sujet. Leur présence est globale, leur rentabilité élevée et leur valeur boursière au delà de nos rêves les plus fous. Tout ceci n’a rien de nouveau.

A mon avis, 2018 est une année charnière.

Du côté positif, comme toutes les entreprises américaines, elle sont bénéficié de la politique fiscale très favorable de Mr Trump leur permettant de rapatrier des sommes très importantes qui vont leur permettre d’encore améliorer leurs positions en termes d’acquisitions et de développement business. Ces entreprises coopèrent activement. Que seraient un PC ou un Smartphone sans des applications comme Facebook (y compris sa filiale WhatsApp ou Google et ses filiales YouTube and Waze). Votre téléphone aurait-il la même valeur d’usage sans l’icône Amazon dessus.

Mais 2018 est l’année de la mise en œuvre d’un gros paquet législatif Européen qui pourrait fracturer ces liens qui semblaient éternels. Vous êtes tous familiarisés avec l’acronyme RGPD (ou GDPR en anglais) (vous avez sans doute déjà reçu des douzaines d’e-mails où chaque entreprise explique avec force comme elle est soucieuse de vos données….n’en avez vous d’ailleurs pas un peu assez de ces déclarations écrites dans la novlangue corporate?) Mais une fissure est apparue!!

Vous avez tous entendu parler du scandale Cambridge Analytica où Facebook a fait quelque chose qui navigue entre le franchement léger et pas trop éthique à quelque chose de carrément criminel (influencer l’élection présidentielle US au profit d’une puissance étrangère). Nous avons tous vu les vagues excuses présentées par Mark Zuckerberg au Sénat US et la manière proche de l’insulte dont il s’est conduit au Parlement Européen.

D’un autre côté, Microsoft a annoncé qu’il allait implémenter RGPD dans le monde entier et non pas seulement en Europe. Microsoft est en conflit judiciaire lourd avec l’administration US sur l’accès à des données stockées en Irlande par un citoyen non-américain. Apple a aussi annoncé de nouvelles fonctionnalités qui aident à protéger les données personnelles ce qui d’ailleurs incidemment nous révèle la quantité de données personnelles qui transitent de par le monde. Vous pouvez penser qu’il ne s’agit que de déclarations marketing de ces deux entreprises qui savent jouer avec les législations pour s’affranchir des frontières. Permettez moi de penser qu’il y a quelque chose de plus profond à l’œuvre.

Apple et Microsoft (A et M comme dans GAFAM) ont une divergence fondamentale de business model avec Google et Facebook (G et F). Honnêtement je ne suis pas sûr des positions à venir du deuxième A (AMAZON).

Apple et Microsoft vous vendent des produits qu’ils facturent immédiatement ou par abonnement. Les clients de ces entreprises attendent un niveau de protection / sécurité qui est assez élevé. Sinon ces clients vont changer de marque (ce qu’ils peuvent faire car il y a d’autres fabricants de matériels, d’autres éditeurs de logiciel, etc..) Donc oui cela sert leur marketing de déclarer à quel point ils se préoccupent de sécurité et de confidentialité mais c’est ce que leurs clients attendent.

Au contraire, F. et G. ne sont pas des fournisseurs de technologie en tant que tels. Ce sont des agences de publicité. Vous pouvez vérifier leur flux d’affaires… Ils font environ 80% de leur chiffre en vendant des audiences qualifiées à des annonceurs, grâce aux consommateurs qui leur donnent volontairement (??) ou par négligence ce qu’ils aiment/n’aiment pas, donc le produit technologique lui même est gratuit.

Retour du vieil adage : si c’est gratuit, c’est donc TOI le produit.

Article rédigé par Jean-Louis de la Salle, membre PremiumPeers