Le RGPD va-t-il fissurer les GAFA(M) Part 2

Si vous avez écouté avec soin la présentation de Mr. Zuckerberg au Sénat des Etats Unis il a dit de façon un peu arrogante que Facebook était au service des masses. Il entendait par là qu’un modèle payant ne peut fonctionner que pour une partie aisée de la population mais pas pour la totalité. Un grand socialiste devant l’éternel. Il a attaqué Apple leur reprochant de faire « trop » payer leurs produits, oubliant de préciser qu’il facture beaucoup d’argent à ses annonceurs grâce au duopole qu’il a instauré dans la communication digitale.

Servir toute la population gratuitement et y faire de l’argent nécessite une sophistication intellectuelle que le citoyen standard a du mal à percevoir. De nombreux facteurs sont à l’œuvre comme le niveau d’éducation la propension à écouter, l’acceptation d’un inconvénient à court terme contre un avantage moins facilement perceptible à long terme. Mais ni Mark Zuckerberg ni Larry Page et Serguei Brin ne sont des bienfaiteurs de l’humanité, ce sont de remarquables hommes d’affaires. Ce sont parmi les entrepreneurs les plus riches des USA et ils ne fonctionnent pas pour le bien de l’humanité ou des citoyens.

Qu’est ce qui pourrait, au delà des scandales récents, empêcher F et G de continuer à être les agences de publicité les plus puissantes de par le monde ? Deux facteurs pourraient.

Qu’est ce qui pourrait, au delà des scandales récents, empêcher F et G de continuer à être les agences de publicité les plus puissantes de par le monde ? Deux facteurs pourraient.

1/ Si leurs clients annonceurs dépensent moins avec eux.

Il y a eu d’intéressantes déclarations récentes où le directeur du marketing Monde de Procter & Gamble (un de leurs plus gros clients) s’est plaint publiquement que beaucoup d’argent était gâché car les leads n’étaient pas correctement qualifiés. Quelles implications derrière ce propos ? Si ils satisfont leurs clients (Pour F et G synonyme de continuer à augmenter leur chiffre d’affaires) il faudra une bien meilleure connaissance analytique des clients que ce soit sur un plan de vos pensées, activités privées ou de vos émotions. Big Brother n’en a pas encore fini avec vous.

2/ L’autre option est la substitution / disruption par un autre business model.

De très grands annonceurs peuvent être tentés de lancer leur propre plate-forme (P&G pourrait en être un et par exemple Accor essaye dans l’hôtellerie …) mais le catalogue manque de profondeur et de variété de choix pour le consommateur. Est ce que les consommateurs pourraient être tentés de changer de réseau social ? Ce serait très compliqué et la conversion représenterait un effort considérable pour pouvoir offrir des niveaux de service équivalents? Mais par exemple « Le bon coin » y arrive. Et se pose la question du financement. Par la publicité à nouveau ? Donc qu’y aurait il de nouveau ?

Est ce que le consommateur est prêt à payer un abonnement mensuel. A ce jour la réponse est clairement NON.

Certains éléments montrent des ouvertures possibles. De nouvelles générations ne veulent pas être sur le réseau de leurs parents et ils pourraient vouloir un réseau plus ciblé plus affinitaire plutôt qu’une énorme mase de personnes. Un modèle où qualité et confiance serait supérieure au simple quantitatif. Cela va prendre un peu de temps avant de pouvoir émerger. Et la question du business model de ce nouvel entrant reste entière.

Article rédigé par Jean-Louis de la Salle, membre PremiumPeers